ĢƵ

Nouvelles

Une photo retouchée nuirait à la perception sociale de la personne représentée

Selon une étude, les sujets de photos retouchées par une application pourraient être perçus comme plus attirants, mais aussi comme moins agréables à fréquenter
une femme portant un chapeau et des lunettes de soleil prend une photo d'elle-même
ʳܲé: 5 August 2025

L’ajout de mentions d’avertissement sur les portraits retouchés numériquement pourrait avoir des conséquences sociales inattendues pour les personnes qui y figurent. C’est ce que révèle une étude menée par une équipe de recherche de l’Université ĢƵ.

Les scientifiques du Laboratoire d’attention et de cognition sociale ont utilisé des filtres beauté d’une application populaire de réseaux sociaux pour retoucher progressivement 300 images de 60 femmes (de 0 à 100 %, par paliers de 25 %). L’équipe a ensuite étiqueté aléatoirement la moitié des images comme « retouchées » et l’autre moitié comme « non retouchées », indépendamment du degré réel des modifications.

Un échantillon de 76 étudiants et étudiantes au premier cycle a par la suite évalué ces images. Les participants devaient noter l’attractivité physique des personnes représentées, mais aussi imaginer leur vie sociale et certaines de leurs qualités sociales.

« Nous avons constaté que, plus le degré de retouche était élevé, plus les personnes photographiées étaient perçues comme séduisantes et disposant d’un large cercle social, mais que, parallèlement, elles étaient aussi perçues comme de moins bons amis potentiels ou des personnes moins agréables à côtoyer », explique Sarah McCrackin, chercheuse postdoctorale au laboratoire.

« La présence de la mention “retouchée” sur la photo n’a pas influencé les notes d’attractivité physique, mais elle a eu un effet à la baisse sur les notes attribuées pour la qualité de l’amitié et le plaisir à interagir avec la personne », ajoute la chercheuse.

Les études antérieures sur la retouche photographique ont principalement porté sur les effets potentiels des images modifiées sur les observateurs, notamment une diminution de l’estime de soi ou de la satisfaction corporelle. Cette étude est l’une des premières à porter sur la perception des personnes qui diffusent de telles images. Depuis quelques années, on assiste à une intensification du débat public sur la nécessité d’ajouter une mention aux photos retouchées numériquement. Cette recherche révèle les répercussions sociales inattendues que pourraient entraîner de tels avertissements.

’étܻ indique également qu’il pourrait exister un seuil optimal de retouche photographique au-delà duquel le sujet devient moins attirant.

« Les niveaux intermédiaires de retouche ont obtenu les notes d’attractivité les plus élevées, tandis que les modifications les plus prononcées ont obtenu à peu près les mêmes notes que les images peu ou pas retouchées », précise Sarah McCrackin.

La chercheuse indique que l’équipe souhaite diversifier l’échantillon de participants afin de mieux comprendre la perception des photos retouchées selon diverses caractéristiques, telles que l’âge, les habitudes de retouche et les opinions sur cette pratique.

« Nous comprenons encore mal comment les réseaux sociaux ont transformé notre perception sociale d’autrui. Il est essentiel de comprendre comment préserver les liens sociaux et le bien-être dans un environnement numérique en perpétuelle évolution », conclut Sarah McCrackin.

’étܻ

L’article « », par Sarah D. McCrackin, Florence Mayrand, Claire Wei et coll., a été publié dans Current Psychology.

’étܻ a été financée par le Conseil de recherches en sciences humaines du Canada (CRSH), le Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie du Canada (CRSNG) et le Fonds des chaires de recherche William-Dawson.

Back to top